Cher "Joe",
(Ecrire une telle lettre peut bien sûr m'être fatal. Mais au point où j'en suis, autant y aller franco, tu sais.)
Tu ne sais pas qui je suis, comment je suis. Tu me vois, mais tu ne vois en réalité que la carapace. L'enveloppe. Peut-être un jour verras-tu l'intérieur de l'enveloppe. Je n'en sais rien, et, en réalité, ça ne dépend que de moi. Si j'ose faire le pas nécessaire, peut-être que cela arrivera un jour.
En réalité, je te surveille depuis le premier jour, sans l'avouer. Et depuis le temps que je te surveille, j'ai eu le temps de me construire tout un mythe à ton propos. Et ce n'est pas tant ce mythe que l'effet que tu me fais qui me plaît autant. Etre à côté de toi sans te parler me blesse, car tout m'attire vers toi, mais tu me sembles tellement loin, que je n'ose plus faire quoi que ce soit, de peur de me trouver mal. C'est peut-être égoïste. Il y a toutes ces choses que j'aimerais dire, toutes ces choses que j'aimerais offrir, et d'un autre côté, je ne saurais pas quoi te dire, tellement tu me plaîs. C'est un peu fou. Et puis il y a ces choses que je sais, et ces choses que j'aimerais savoir. J'ai l'impression de te connaître, mais comment puis-je vraiment le dire ? Je ne connais que ce que tu veux bien montrer à n'importe quel autre être de ce monde, et je ne peux pas t'en vouloir pour cela.
Je me suis fais des films. Dans ma tête, j'ai imaginé, tant inconsciement que consciement, que je te plaisais. Seulement il m'est difficile de l'afirmer, tant je veux me montrer réaliste et calme. Alors... Parfois je continue de me faire du mal en imaginant encore un peu à quoi nous pourrions ressembler. Est-ce raisonnable ? Rien ne le dit, mais ça me fais toujours un peu de peine de revenir à la dure réalité. Des fois, je suis tentée de mettre fin à ces fantasmes idiots, mais je ne le fais jamais. Je veux pouvoir avoir encore un peu d'espoir.
A bientôt.
Ou pas.