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Il y a quelques mois, je livrais ici-même ma conception de l'amitié, l'idée que je m'en faisais. Je ne vais en aucun cas réfuter mes propos, qui sont, pour moi, toujours aussi vrais que lorsque je les ai mis par écrit. Non, aujourd'hui, j'aimerais réfléchir, à voix haute, à main libre, à écriture facile, sur un point délicat, qui touche lui aussi à l'amitié. Vous aurez donc peut-être besoin de prendre en compte l'article sur l'amitié que j'ai écrit en Août 2011. La question que je me pose en ce moment c'est... Quelle limite il y a entre l'amour et l'amitié comme je l'ai décrite six mois plus tôt. Quand peut-on dire que nous sommes plus que des amis ? C'est ce que j'aimerais tenter de savoir, et y réfléchir ne peut, de toutes façons, pas faire de mal !
Dans le manque, et le besoin.
J'ai lu beaucoup de choses sur internet, pour pouvoir répondre objectivement à la question. La réponse la plus évidente reste le besoin. Le besoin de l'autre. Et si on réfléchit un peu à la question... Il est vrai qu'un ami peut nous manquer, et qu'on peut en avoir besoin dans des moments de détresse. Seulement, un ami que l'on vient de quitter, après une discussion animée sur le nouvel album de tel ou tel groupe, n'est sûrement pas sensé nous manquer. De même lorsque l'on ressent le besoin de parler à un ami n'importe quand et que l'on cherche tous les prétextes possibles pour lui parler, peut-on encore simplement dire « ami » ? N'est-ce pas là que l'amitié atteint ses limites ? Sûrement. Ma meilleure amie ne me manque pas à chaque minuscule seconde de mon existence, et je ne ressent pas le besoin de lui parler tous les jours. Il me semble par contre que lorsqu'on aime, l'être aimé nous manque, et même parler de la pluie et du beau temps semble suffire, du moment qu'on peut lui parler.
L'amour et l'amitié... Presque pareil ?
En parlant un petit peu, et en relisant mon article sur l'amitié, j'en suis arrivée à me demander si l'amour et l'amitié n'étaient pas sensiblement la même chose. Ce qui pourrait sembler étrange, à première vue, puisque je suis amie avec Nicole, mais je n'en suis pas amoureuse. Alors ? En quoi l'amour et l'amitié se ressemblent ? Eh bien, si l'on se réfère à mon idée de l'amitié que j'avais exposé dans un précédent article, l'amitié et l'amour partagent les mêmes bases. Toujours selon ma propre idée de l'amitié, il est possible de trouver dans l'ami des caractères et réactions, des traits, appréciables dans une relation amoureuse. Je pense surtout que celui (ou celle) avec qui on construira notre vie est sans doute un « mélange » de toutes les personnes rencontrées et appréciées. Je ne veux pas dire par là que toutes nos rencontres nous influencent dans notre recherche de l'amour, non, mais je pense que ce que nous apprécions chez nos amis a un rapport avec ce que nous cherchons dans une relation amoureuse. Ce que je veux dire, c'est que l'amitié et l'amour se ressemblent, et il est possible que l'humour de notre ami Pierre, et le respect de Juliette nous séduisent, et ainsi Jules, notre amoureux, sera doté d'un humour et d'un respect sensiblement similaire à ceux de Pierre et Juliette.
Défauts et qualités, au service de l'amour et de l'amitié.
Il me semble que lorsque l'on est ami avec quelqu'un, c'est principalement parce que celui-ci a des qualités que l'on apprécie. Cela dit, nous supportons rarement tous les défauts de notre ami. Celui-ci a des traits de caractères que nous ne tolérons pas, et qui, justement, permet à l'amitié de durer : les différences d'opinion permettent les débats, les jugements différents également, et permettent aussi d'avoir des amis variés. C'est un peu comme le chocolat. Certains trouvent le chocolat noir trop amère, et c'est pour ça qu'ils n'en mangent pas souvent, mais ils trouvent dans le chocolat au lait la douceur dont ils ont besoin. D'autres peuvent penser que le chocolat blanc est écœurant, et préfère la dureté du chocolat noir. Pour les amis, c'est pareil. En amour, cependant... Nous aimons pour les qualités, bien sûr, mais nous aimons également pour les défauts. Aimer quelqu'un, c'est être capable de voir ses défauts, et de les aimer au même titre que ses qualités. (Il est évident que c'est selon moi.). Aimer, c'est pouvoir et savoir apporter quelque chose à l'autre qui fera qu'il se sent « meilleur », et « complet ». Alors, la limite entre amour et amitié se trouve peut-être là : lorsque l'on commence à se dire que l'on peut aider l'autre, que ses défauts ne sont pas si importants, et qu'ils font le charme de l'autre. Lorsque l'on s'apperçoit que ce chocolat noir est amère, mais qu'aucun autre chocolat n'est amère si agréablement, et qu'on ne pourrait jamais manger d'autre chocolat noir. Peut-être que c'est ici qu'est l'ultime frontière.
Savoir, et attirances.
Si deux amis, qui se connaissent depuis un bon moment, un jour se mettent à ressentir l'un envers l'autre plus que de l'amitié, quel va être leur réflexe ? Chacun de leur côté, ils vont sans doute se demander si l'autre sait. Car, oui... A partir du moment où l'un sait que l'autre craque, à partir du moment où ça se voit, ça se sent, il n'y a plus de doutes possibles. Lorsque l'amour naissant est connu de l'un ou de l'autre, le retour à l'amitié, et le respect de cette amitié peut être très difficile à effectuer et à vivre. Car, à mon avis, qui dit amour, dit aussi attirance. Que ce soit léger, et beaucoup plus secondaire que tout ce que l'on peut ressentir d'autre, l'attirance reste sans doute importante. Un ami n'est pas supposé être attiré physiquement par un autre ami, si ? Peut-on être ami avec quelqu'un que nous voudrions embrasser, serrer dans nos bras, dont nous voudrions replacer les mèches de cheveux rebelles...? Je ne m'en sentirais, personnellement, pas capable. Après, cela touche aussi à mon dernier point, qui va suivre. Dans tous les cas, être ami avec quelqu'un que désire, et qui s'en doute... La limite de l'amitié est sûrement dépassée ici.
Après-tout, ça dépend des gens...
Comme tout sentiment, je pense, et après l'avoir compris en discutant, la frontière entre l'amour véritable et la « simple » amitié change selon les personnes. Chacun est différent, je n'ai pas besoin de vous l'expliquer, et on a tous un passé différent, des vécus plus ou moins désagréables, des besoins aussi, et j'en passe, qui font que nous avons tous une limite différente. Nous avons tous des amis différents aussi. Peut-être que notre limite change selon la personne avec qui l'on est. Ce qui expliquerait sans doute pourquoi je n'ai pas envie de passer le restant de mes jours avec ma meilleure amie, ou que je ne veux pas sauter sur quelqu'un que je viens de rencontrer. Mais, alors, si cela dépend des gens, peut-être est-ce à nous de comprendre ce qui sépare l'amour de l'amitié, et où se trouve la limite à ne pas franchir, ou, au contraire à franchir. Car, oui, qui mieux que nous peut savoir ? Si cette limite diffère selon les personnes, alors personne ne peut m'apporter de réponse à cette question, pas plus que je ne peux vous en donner une. Je peux seulement vous expliquer mon point de vue, et m'inspirer de ceux des autres. Il nous faut comprendre, et y réfléchir.
Justement, j'ai réfléchi. J'ai exposé ici toutes mes pistes, toutes mes idées, qui m'ont aussi été fournies par ma meilleure amie, après une longue discussion sur le sujet. Je ne peux pas vous apporter plus d'éléments de réponse, je suis vidée. J'y ai réfléchi pendant deux jours entiers, et il me semble que pour l'instant, je n'ai pas d'autres choses à vous livrer, n'ayant pas encore tout compris. (Qui pourra, un jour, avoir tout compris à tout ?). Je peux seulement vous dire qu'y réfléchir est intéressant, malgré la complexité de la chose. En somme, nous pouvons prendre en compte le besoin et le manque : lorsque ceux-ci deviennent trop présents, il semble que la limite entre amour et amitié n'est pas loin; les similitudes entre l'amour et l'amitié sont à prendre en compte, en se rappellant toujours que l'amitié peut influencer les choix amoureux; aimer les défauts d'un ami, l'aider, c'est un pas vers l'amour; l'attirance que l'on peut avoir envers un ami, et savoir que l'un craque pour l'autre, c'est mauvais signe : l'amitié n'en ressortira peut-être pas aussi belle qu'elle a pu l'être... ! Avec tous ces éléments, vous pouvez vous forger votre propre avis, votre propre opinion sur le sujet, car je ne peux apporter de réponse définitive à la question.
N'hésitez pas à ma faire savoir ce que vous pensez de cette question, et à me livrer vos impressions : ai-je été claire ? Ai-je été illogique ? Ai-je dit beaucoup trop de sottises ? À vous !