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17 septembre 2011 6 17 /09 /septembre /2011 14:42

 

 

La voix des gens autour de toi, la pluie qui te tombait dessus, l'odeur de pourritures qui se dégageait de la poubelle en dessous de toi... Tu n'avais plus vraiment conscience de tout cela. Tu campais sur le toit de la petite maison de campagne où la fête en ton honneur avait lieu, et tu ne voulais pas y penser. Le vent soufflait fort, emmêlait tes cheveux frisés par l'eau, et chuchotait à ton oreille quelques mots doux mais durs. .

Derrière toi quelqu'un arrivait lorsque tu as réalisé que tu avais froid. En face de toi dansent les chauve-souris, se mêlant à elles les arbres rageurs qui se balancent toujours lorsque le vent est ainsi. A côté de toi un homme s'était assis pendant que tu regardais les bêtes voler. Tu le connaissais un peu. Il était brun, il était sourd, il était muet, il était bien sans doute aveugle et con. Tu lui avais lancé un regard avant de soupirer. Le noir autour de toi te suffisait, et sa compagnie arrivait bien tard. Il avait ammené avec lui sa guitare et l'avait posée à côté de lui, sur ce toit où vous étiez désormais seuls. En dessous de vous, des idiots saouls dansaient, décalés par rapport au rythme, sur une musique de Stromae que tu n'avais jamais vraiment aimé. L'idiot à côté de toi a allumé une cigarette, en silence, et te l'a tendu. Un ricannement a suffit à lui faire comprendre que tu n'en voulais pas.

Tu frissonnais, et la pluie semblait te faire fondre, comme si tes forces t'abandonnaient déjà, comme si tu n'étais déjà plus qu'une flamme éteinte, un oiseau sans ailes, ou peut-être même une bouteille sans bouchon. Lui, que tu détestais presque autant que tu ne l'aimais, sentait l'alcool à plein nez. Peut-être par dépit ou peut-être par dégoût, tu avais depuis longtemps cessé d'essayer de déterminer si il était quelqu'un d'important ou non. La question, à vrai dire, ne t'avais jamais semblé légitime, et tandis qu'il tirait sur sa cigarette artisanale des bouffées de nicotine qu'il soufflait ensuite dans l'air alcoolisé, tu tentais de savoir pourquoi il était assis à côté de toi. Sa présence était difficile à supporter. Indubitablement, il t'attirait. Inévitablement, il t'irritait.

Tu t'étais levé d'un coup et étais rentrée dans la maison, laissant le pauvre homme sur ce toit miteux.

 

Tu as fumé ta dernière cigarette cette nuit-là.

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L'éponge absorbe, mais il faut la presser pour qu'elle s'exprime.

 Proverbe allemand.

 


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Oui, j'aime Hémon. J'aime un Hémon dur et jeune; un Hémon exigeant et fidèle, comme moi. Mais si votre vie, votre bonheur doivent passer sur lui avec leur usure, si Hémon ne doit pas pâlir quand je pâlis, s'il ne doit plus me croire morte quand je suis en retard de cinq minutes, s'il ne doit plus se sentir seul au monde et me détester quand je ris sans qu'il sache pourquoi, s'il doit devenir près de moi le monsieur Hémon, s'il doit apprendre à dire « oui », lui aussi, alors je n'aime plus Hémon!


Copyright Oodoc - Anouilh : Antigone, Le dialogue entre Créon et Antigone (commentaire)
http://www.oodoc.com/78872-antigone-anouilh-opposition-creon-dialogue.phpcv

Oui, j'aime Hémon. J'aime un Hémon dur et jeune; un Hémon exigeant et fidèle, comme moi. Mais si votre vie, votre bonheur doivent passer sur lui avec leur usure, si Hémon ne doit pas pâlir quand je pâlis, s'il ne doit plus me croire morte quand je suis en retard de cinq minutes, s'il ne doit plus se sentir seul au monde et me détester quand je ris sans qu'il sache pourquoi, s'il doit devenir près de moi le monsieur Hémon, s'il doit apprendre à dire « oui », lui aussi, alors je n'aime plus Hémon!


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